Je viens de lire un article de Frederic Rauss sur la rédaction web (6 pages, au format PDF). (1)
Beau travail de vulgarisation. Un document agréable à lire, qu’on ne peut que recommander aux webmasters techniques ou débutants qui désirent être conscientisés de l’importance à traiter correctement le contenu de leur site.
Cependant, je me permets d’exprimer une critique sur un point…
Le graphique ci-dessous m’a fait réagir, car il sous-entend qu’un site web a un début et une fin.
Source : Frédéric Rauss.
Je ne vois pas les choses de cette manière. L’idée d’une fin implique elle-même une logique linéaire et séquentielle. Or, les parcours sur un site web peuvent être multiples, avec plusieurs clés d’entrée et de sortie, souvent imprévisibles, comme le démontrent les tests utilisateurs. L’architecture d’un site internet tient plus d’une toile que d’un chemin de fer.
Certes, il y a la page d’accueil. Mais constitue-t-elle vraiment le début ? Dans le contexte des recherches par mot clé, combien de visites ne commencent-elles pas par une page intérieure ?
Quand à la fin d’un site web, elle est encore plus difficile à identifier. De nombreux points de sortie sont envisageables. Certains sites web transactionnels ont une fin (les fameux tunnels de conversion : remplir ses impôts en ligne, effectuer un achat,…). Mais dans ces cas-là, les pages profondes ne sont certainement pas moins “importantes” que les autres, comme semble le prétendre ce graphique à travers une conception un peu audacieuse de la pyramide inversée. Oserait-on dire que la cinquième page d’un processus d’achat, celle où l’utilisateur choisit d’appuyer sur le gros bouton rouge qui validera sa commande, celle qui consacre la “conversion” tant attendue du visiteur en client, est moins importante que les pages en amont ?!?
Certes, la navigation hypertexte peut permettre un approfondissement progressif de l’information. Certes, les accroches doivent aller droit à l’essentiel. Certes, la page d’accueil doit mettre en valeur l’information et les services prioritaires. Mais ce n’est pas pour cela que les pages profondes sont moins importantes. Dans un site informatif, elles peuvent, au contraire, constituer le plat principal (une fiche détaillée, un document officiel,…). Auquel cas elles ne doivent pas nécessairement jouer le rôle d’un cul de sac. Elles peuvent, à leur tour, ré-aiguiller vers des ressources connexes.
Il y aurait encore matière à dissertation sur cette notion de début et de fin dans un espace hypertexte. Reste qu’à mes yeux, un site web est souvent une histoire sans fin. Aussi bien du point de vue de son architecture que de son actualisation. Ce qui ne doit pas l’empêcher d’avoir des finalités.
Avez-vous déjà vu un site web qui conclut par “Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants” ou “Fin du site web. Merci de votre attention” ?
A l’extrême, chaque page du site doit pouvoir constituer une fin ou un début. Le lien avec le lecteur doit être entretenu dans la durée. C’est pourquoi un élément “Contactez-nous” ou “Abonnez-vous à notre newsletter pour être tenu informé de l’évolution de cette matière” reste intéressant dans pratiquement chaque page.
The End
(1) Vous avez remarqué ma mesquinerie ? J’ai évité de placer le lien sur l’occurence “redaction web”. Et oui, le référencement, c’est comme la pétanque. Et je ne vais tout de même pas chasser mes propres boules, non !
Commentaires des lecteurs
Comment by fred — 5 September 2007
remarques très pertinentes sur le sujet.
Comment by Frédéric Rauss — 11 October 2007
Votre analyse est pertinente, bien entendu. Mais je me permettrai simplement de remettre ce schéma dans son contexte qui visait à faire passer un message essentiel à mes yeux pour réussir un texte: mettre le message le plus important en premier. Et au moins, ainsi, si un site est une histoire sans fin, il aura au moins le mérite d’avoir un début.
Comment by jmh — 11 October 2007
@ Frédéric Rauss : Merci pour votre réaction. Et félicitations pour votre article qui, au-delà de cette critique ponctuelle que je me suis permise, m’est apparu comme un très bon travail.
Comment by Guillaume-Nicolas MEYER — 17 August 2009
Ayant lu le travail de FR et l’analyse de JMH, j’aurai une question : pourquoi ne pas considérer que le principe d’entonnoir est vrai pour l’article mais pas pour la navigation, qui est régit, il est vrai par d’autres règles ?
Après tout un élément du contenu ne peut pas être soumis au même règles que l’ensemble du contenu.
Non ?