Depuis 1995, l’ergonome du web, Jakob Nielsen, nous habitue à ses “top 10” d’erreurs les plus fréquentes en matière de conception de sites web.
En mai dernier, il a consacré un article aux erreurs dans le domaine de l’architecture d’information : Top-10 Information Architecture Mistakes.
En tant que passionné d’architecture d’information, je me permets de rebondir, traduire, commenter et critiquer un peu l’article en question.
Voici les 10 erreurs épinglées par Jakob Nielsen :
1. No structure
Absence de structure. Les éléments sont entassés, les uns après les autres, sans relations logiques ou thématiques. Certes, le moteur de recherche peu permettre de trouver quelques aiguilles dans la botte de foin, mais ce type de site web n’encourage pas l’exploration thématique.
Durant nos formations, nous abordons différentes clés d’entrée logiques, qui aident à structurer les contenus.
2. Search and structure not integrated
Manque d’intégration entre le moteur de recherche et la structure de navigation du site web. Les résultats d’une recherche devraient être localisés dans le site web. Plutôt que d’être présentés comme des contenus isolés, ils devraient être accompagnés d’un sentier de navigation, permettant de se situer dans une structure logique et de remonter ou de descendre à la périphérie des résultats.
3. Missing category landing pages
Certains sites web plongent tout de suite leurs utilisateurs dans un certain degré de détail, sans passer par une page générique, descriptive de l’ensemble de la catégorie (par exemple, une page consacrée à la “Mercedes Vito”, mais aucune page générale concernant les “véhicules utilitaires”). L’intérêt des pages génériques est double : elles offrent une vue d’ensemble aux utilisateurs ; elles constituent une réponse appropriée à certaines recherches par mots clés.
4. Extreme polyhierarchy
L’intérêt du Web, à la différence du monde physique, c’est qu’il permet de démultiplier les logiques d’accès aux produits. Dans une bibliothèque classique, les livres seront rangés selon l’ordre alphabétique des auteurs, par exemple. Sur le web, les utilisateurs pourront combiner de multiples clés d’entrée : auteur, thème, format, date de parution,… voire même des critères participatifs tels que “les livres les plus téléchargés”, etc. Le problème est que certains sites poussent trop loin cette approche multicritères. Résultat : des sites web complexes, encombrés de critères pas toujours indispensables. La solution reste parfois de distinguer une recherche simple et une recherche avancée, cette dernière restant optionnelle.
5. Subsites/Microsites Poorly Integrated with Main Site
Les entreprises se dispersent. De nombreux sous-sites se perdent à travers une faible marque d’identité graphique et des liens insuffisants vers la société mère. J’avais décrit ce phénomène récemment, invitant les entreprises à une gestion mieux intégrée.
6. Invisible Navigation Options
La situation la plus dramatique reste l’absence de système de navigation, mais elle est devenue rarissime parmi les sites web professionnels. Ce qui est plus fréquent, en revanche, c’est la difficulté d’identifier les éléments de navigation, pour des raisons d’ergonomie (position, contraste, format,…).
7. Uncontrollable Navigation Elements
Certains éléments de navigation sont visibles mais difficiles à contrôler. Jakob Nielsen insiste ici sur la frustration fréquemment exprimée par les utilisateurs qui se retrouvent face à des interfaces saisissantes, avec des zones en mouvement ou qui réagissent un peu sauvagement au passage de la souris. Les systèmes de navigation stables et statiques sont davantage appréciés.
8. Inconsistent Navigation
Certains sites changent leur mécanisme de navigation d’une page à l’autre ou d’une section à l’autre. Or, il est préférable d’habituer les utilisateurs à un seul et même système : les fonctionnalités de navigation devraient apparaître toujours dans le même ordre, au même endroit, formatées et libellées à l’identique.
9. Too Many Navigation Techniques
Il existe des dizaines de système de navigation, chacun ayant ses propres avantages et inconvénients. Il ne sert à rien de démultiplier les outils à l’infini, sous peine de rendre le site web surchargé de fonctionnalités. Pas nécessaire de proposer un plan de site, un index, un moteur de recherche, des FAQ et un glossaire sur le moindre petit site.
10. Made-Up Menu Options
Vous éviterez les noms de rubriques surfaits : termes à la mode (mais pas compris par tous), termes techniques, effets de style,… Les mots anciens, classiques, issus du langage naturel, obtiennent de meilleurs résultats dans les tests d’ergonomie.
Personnellement, ce top 10 a fortement éveillé mon intérêt, mais j’ai été légèrement déçu par son contenu. Je le trouve trop orienté vers les problématiques d’ergonomie classique (en particulier, les lacunes du système de navigation), et pas assez consistant en ce qui concerne les questions d’architecture proprement dites.
Quid de la densité d’information ? Quid des métadonnées ? Quid de la profondeur du site web ? Quid des flux d’actualisation et d’archivage ? Quid des architectures trop centrées sur l’entreprise, et pas suffisamment sur le client ? Quid des contenus personnalisés ?
… de nombreuses questions clés liées aux architectures de contenu me semblent passées sous silence.
Qu’est-ce que vous ajouteriez, vous, au “top 10” des maladresses en termes d’architecture de contenu ?
… et parce que nous sommes conscients de l’importance de l’architecture d’information, nous y mettons tout notre coeur. Faites appel à nous 🙂
Commentaires des lecteurs
Comment by Guillaume-Nicolas MEYER — 17 August 2009
Tout à faire d’accord avec ta conclusion. Si l’idée est sympa, le rendu est bof… en plus à part du bon sens, on n’y apprend rien d’extraordinaire.
Je pense quand même que le web d’aujourd’hui offre une meilleure ergonomie d’un point de vue général, surtout grâce à la multiplication de sites basés sur des systèmes open-source (blog, CMS) dont l’architecture et l’ergonomie ont été bien pensés.
@+
Comment by Eve Demange — 17 August 2009
Jean-Marc,
Merci pour cette "check-list" commentée, qui reste quand même utile malgré les lacunes que tu signales.
En ce qui me concerne, je rajouterai :
– une structure de contenu non adaptée à l’usage des utilisateurs, par exemple une structure d’article web mal pensée ou une vidéo trop longue, non découpée en chapitres identifiés.
– un CMS pensé de manière totalement indépendante des besoins de publication + positionnement référencement
– un design ergonomique conçu sans vision éditoriale, avec du lorem ipsum, et donc "cassé" une fois les textes mis en place.
Et bien d’autres cas encore…
Salutations webéditorialesques 🙂
Eve Demange
Comment by Roxy — 1 September 2009
Merci pour l’article détaille.
Comment by test de qi — 9 September 2009
Un peu complexe, mais certaines idées sont intéressantes, bien que "conceptuelles".
Comment by Création web : AxeNet — 17 September 2009
S’il est vrai que l’on apprend rien d’extraordinaire, on peut toutefois penser que de très nombreux sites cumulent certains défauts mentionnés. La piquure de rappel n’est donc certainement pas inutile.